La musique ambiante : un genre musical qui adoucit les âmes, calme les esprits tourmentés, aide à la relaxation mais également à la concentration. C’est un genre qui prend de l’ampleur de jour en jour – on pense notamment au succès incontesté de la compilation « Music For Containment » du label de Molécule, Mille Feuilles, ou encore aux compilations de musique ambiante française du label Tigersushi. De même, Underscope, dont l’action vise à soutenir la scène électronique underground française, se plaît à demander à sa communauté, via Facebook, leurs classiques et pépites cachées de musique ambiante : en résulte 18 heures de musiques aux propriétés positives sur leur compte Spotify – et on adore.

En somme, les musiques ambiantes, longtemps considérées comme musiques d’ascenseur ou d’aéroports (cf Brian Eno, pionnier de la scène ambiante), sont en train d’être largement acceptées et popularisées grâce à l’ère du streaming, mais également aux crises sociales et sanitaires en cours. Aujourd’hui, on vous fait planer, nous aussi, en vous faisant écouter 7 titres tous à même d’étayer vos playlists personnelles. On écoute aujourd’hui les récentes sorties de C.M Jenkins, Omantra, Away From The Earth, Chris Other, Olec Mün, Raffael Seyfried ou encore Scholler.

Chris Other

Chris Other – Warmth That Melts The Snow

On ouvre notre sélection cette semaine avec un titre atmosphérique, visuel et lunaire, intitulé « Warmth That Melts The Snow ». Chris Other avait déjà prouvé par le passé sa capacité à synthétiser le meilleur de la musique ambiante à chacun de ses titres, et ce dernier ne fait pas exception à la règle. Si vous n’êtes pas connaisseur : ce titre représente exactement ce que la scène ambiante essaie d’offrir, à savoir un sentiment de calme, de plénitude, tout en dépeignant des paysages vierges, inviolés, s’étendant à perte de vue devant nous, vers l’horizon. L’ambiance ici rappelle aussi bien le soleil qui se lève sur les montagnes enneigées que la rosée du matin tombant sur des champs de fleurs. « Warmth That Melts The Snow » fait partie d’un EP sorti il y a quelques jours seulement, et on vous conseille de l’écouter d’une traite – relaxation garantie !

Chris Other est un compositeur de musique ambiante composant l’entièreté de ses albums depuis son appartement, à Brooklyn, New York. Largement influencé par les figures de la scène comme Nils Frahm ou encore Harold Budd, il compose afin d’apporter une sensation de sérénité à ses auditeurs, la même qu’il a ressenti en composant ces titres.

Si vous avez apprécié ce nouvel EP, on vous laisse également écouter son précédent album, intitulé « Radiant Thoughts About Pasts and Futures Possible« , un album tout aussi élégant et minimaliste que celui-ci.

Omantra Io

Omantra – Io

On poursuit dans les confins de la musique ambiante avec le premier titre d’un producteur pour le moins mystérieux : Omantra. Nommé après Io, l’un des nombreux satellites de la géante gazeuse Jupiter, ce titre explore en presque six minutes un sentiment de grandeur, de grâce, tout en notes solaires et vocalises enchanteresses venant ponctuer de temps à autres les nappes synthétiques et notes de clavier étouffées. Un saxophone se perdant en échos vient soutenir la mélodie initiale un peu plus tard, ajoutant un sentiment de fraîcheur et une dimension nouvelle à ce titre.

Omantra est un duo composé d’un pianiste et d’un saxophoniste dont l’influence majeure réside en la musique de Pink Floyd. « Io » a été enregistré de manière spontanée, à l’improviste, lorsque Nick, le pianiste, a improvisé quelques accords au piano, et qu’il a entendu Freddie, saxophoniste, improviser lui aussi au saxophone une mélodie. Enregistré en une seule fois, seuls les synthés ont été ajoutés par la suite, rendant « Io » aussi planant que stellaire.

Raffael Seyfried

Raffael Seyfried – Passage

On incorpore cette fois du piano brut à notre sélection ambiante avec « Passage », le dernier titre en date de Raffael Seyfried, compositeur allemand basé à Düsseldorf. Ce morceau au nom énigmatique démarre sur des notes de piano au ton nostalgique et mélancolique qui viennent ensuite se superposer les unes les autres, de manière aléatoire de prime abord. Petit à petit, le thème principal se développe, venant placer à l’arrière-plan les notes éparses et répétées de l’introduction à l’arrière-plan. Tout au long du titre, on a la sensation de voir une scène de film se dérouler sous nos yeux, une scène durant laquelle des souvenirs passent et repassent dans la tête du personnage principal.

Raffael Seyfried est un pianiste compositeur allemand. Il se plaît à jouer entre instruments électroniques et organiques et utilise des techniques de composition pour le moins pointues ; « Passage » a été composé en enregistrant certaines parties du morceau sur des cassettes, jouées ensuite en boucle, permettant ainsi la superposition de notes, l’utilisation de techniques modernes de MAO mais aussi de moyens beaucoup plus analogiques et nostalgiques, faisant de « Passage » un titre unique en son genre.

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Olec Mun Aba

Olec Mün – Aba

On poursuit avec le titre le plus sentimental de notre playlist : « Aba », de Olec Mün, un compositeur dont les travaux ainsi que l’histoire ont d’ores et déjà touché des centaines de milliers de personnes sur les plateformes de streaming, à travers le monde. « Aba » signifie « père » en hébreu ; Olec Mün, bien que né en Argentine, est le petit-fils d’un grand-père ayant fuit son pays pendant la Seconde Guerre Mondiale car il était juif. À cause de la pandémie, Olec Mün n’a pas vu son père depuis plus d’un an, et ce morceau a été composé en hommage à cette figure paternelle ; un moyen pour lui de maintenir des liens forts avec sa famille, bien qu’il se trouve à plusieurs centaines de kilomètres de ses pairs.

« Aba » est un titre largement mené par une mélodie jouée au piano. Ce dernier exprime, sans s’aider de mots, le manque, la tendresse, les souvenirs d’un autre monde, la solitude, mais également l’espoir, la joie, l’envie que les retrouvailles se fassent, et la reconnaissance. Nous vivons en l’espace de cinq minutes tout un cheminement de pensée, un monologue interne qui pourrait se résumer en quelques mots expliquant qu’il faut tenir et que bien souvent les tourments ne sont que temporaires.

Si vous avez apprécié ce morceau, sachez qu’Olec Mün a récemment collaboré avec le musicien Michael Sarian sur un EP à mi chemin entre la musique ambiante et la musique jazz, qu’on vous recommande vivement d’écouter si le mélange de ces deux univers vous intrigue !

cm jenkins piano etude in agitato

C.M Jenkins – Piano Etude In Agitato

On laisse cette fois de côté les traitements électroniques et la musique assistée par ordinateur pour écouter le premier morceau de C.M Jenkins, une pièce néo-classique jouée au piano et entièrement composée par l’artiste lui-même, en réaction à la soudaine pandémie qui frappe encore notre planète. Intitulé « Piano Etude In Agitato », ce titre au nom explicite évoque sans besoin de paroles là aussi la notion d’empressement, de confusion, de besoin d’agir vite, mais également d’impuissance – des sentiments encore largement caractéristiques de l’année 2021. Lorsque le thème principal revient en milieu de morceau, cependant, ce sont des émotions plus mesurées, plus raisonnées qui nous viennent à l’esprit, un faux-semblant de contrôle mais aussi d’espoir, de lumière au bout du tunnel.

C.M Jenkins est un compositeur originaire du Maryland aux Etats-Unis. Vivant aujourd’hui à Washington D.C, il compose depuis chez lui son premier album duquel « Piano Etude In Agitato » est issu – l’album intitulé « First Movements Along A Curve » devrait sortir dans les mois à venir !

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Scholler – The Dreaming Poet And His Cello

La musique ambiante est vaste et croise parfois le chemin de la musique néo-classique. Sur notre chemin justement, on rencontre celui de Scholler, un compositeur au passé musical riche – il a notamment été chef de choeur à l’opéra – dont la musique évoque d’innombrables émotions traduites au piano mais aussi au violoncelle. Parmi les récents titres qu’il a pu sortir, nous sommes tombés sur un morceau au titre évocateur, racontant déjà lui-même une histoire en dehors de la musique qu’il illustre : « The Dreaming Poet and His Cello », soit en français « le poète rêveur et son violoncelle ». De douces notes de piano narrent lentement l’histoire du morceau, cette dernière étant soutenu par la pièce maîtresse de ce titre : le violoncelle, que l’on entend chanter tout le long du titre. Si les intentions de Scholler derrière la composition de ce morceau sont mystérieuses, l’auditeur n’en ressort pas moins avec l’impression d’avoir effectué un voyage au temps de la Renaissance, l’espace de quelques minutes.

Nous nous sommes concentrés aujourd’hui sur son titre « The Dreaming Poet and His Cello », mais sachez qu’au début du mois, Scholler a mis en ligne un nouveau morceau nommé « The Fairy Tale of Ferdinand Strange », un titre quelque peu plus dramatique dans lequel le violoncelle est plus présent encore ; on considèrerait presque ce titre comme la suite logique de « The Dreaming Poet and His Cello ».

Away From The Earth Paint With Grey See In Colors

Away From The Earth – The Secret Is To Begin

On termine notre grand voyage en terres ambiantes sur un projet un peu plus hybride ; on écoute Away From The Earth, et plus particulièrement son titre « The Secret Is To Begin ». Son approche de la musique ambiante est beaucoup plus fluide, moins orthodoxe que certains artistes que nous vous avons présentés jusqu’alors. Teintée de références lo-fi et downtempo, la musique d’Away From The Earth comporte aussi bien les nappes éthérées et synthétiques caractéristiques du genre ambiant que des notes de guitare distendues et saturées, apportant un vent de nouveauté à ce genre si codifié.

« Cet EP c’est le résultat d’énormément d’espoir refoulés à propos du futur, il est né des suites du confinement et des manifestations » – Away From The Earth au sujet de son EP « Paint With Grey, See In Colors ».

Si l’on se concentre uniquement sur « The Secret Is To Begin », on entend des notes de synthés et de guitare électrique se répondre au tour à tour, le tout créant une conversation insolite, sans langage ni parole ; la guitare électrique prend ensuite le dessus sur la seconde partie du morceau. Et par ailleurs, le titre a été composé d’une manière plutôt insolite : Kyle Wright, aka Away From The Earth, explique en effet que les sonorités de guitare que l’on entend au début du morceau sont le résultat d’une expérimentation durant laquelle il a scotché à un ventilateur du papier bulle, et a laissé les pales de ce dernier frotter les cordes de sa guitare électrique !


hauméa selects #4 est également disponible sur notre compte Spotify. Si vous avez aimé cette sélection, nous vous conseillons grandement d’écouter notre playlist « Ambient & Downtempo » que nous mettons à jour régulièrement !

– Disclaimer : sélection de titres effectuée via la plateforme MusoSoup #SustainableCurator.

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About the Author: Cloé Gruhier

Rédactrice web depuis plusieurs années, j'ai une passion prononcée pour les musiques électroniques et alternatives. Des envolées synthétiques de Max Cooper aux mélodies et textes introspectifs de Banks, mon radar détecte les nouveautés des scènes indépendantes françaises et internationales, et ce entre deux stratégies de communication pour des labels et artistes indépendants !

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