Chères personnes avides de poésie musicale, les expérimentations sonores et textuelles d’Agnès Aokky sont pour vous. Soutenue par la première compilation de Manifesto XXI ou encore le label défricheur de talents francophones & indés La Souterraine, Agnès Aokky ravit les coeurs et les âmes de son auditoire grâce à des fréquences qui flirtent avec les univers de la pop alternative comme de l’électronique expérimentale. Résolument poétiques, ses textes remettent les rimes sur le devant de la scène, et le processus de l’écriture automatique constitue la base de ses créations musicales. Si le 20 mai dernier on la découvrait sous l’angle dream pop avec « Vertige à la plage », aujourd’hui, c’est sur le remix aérien de ce dernier – signé La Belle Epoque – que l’on (re)découvre son dernier titre. Pour mieux appréhender son monde artistique, nous lui avons posé quelques questions !

1. Hello Agnès et merci d’avoir accepté de répondre à nos questions aujourd’hui ! Pour commencer, est-ce que tu peux te présenter en quelques mots pour les personnes qui ne te connaîtraient pas encore ? 

Hello ! Alors en quelques mots, je m’amuse à platiner lors de DJ sets et à écrire des chansons sur lesquelles je pose mon flow. 

2. Les personnes qui – comme moi – suivent tes péripéties sonores depuis quelques temps savent que tu as démarré ton projet solo en sortant un titre nommé « Blue Dreams », sorti sur le label défricheur de talents français nommé La Souterraine. Que raconte ce titre ?

Ce titre met en lumière le refus de grandir dans un monde bien trop hostile pour des êtres hypersensibles. C’est comme une sorte de rébellion poétique & mélancolique : le papillon « grince des ailes » à la recherche d’un paradis perdu. Il y a aussi cet idéal, voire cette détermination farouche à rester « jeune » pour toujours. « Jeune » dans le sens « continuer à vivre des premières fois et à rester émerveillé-e ».

3. Et que signifie-t-il pour toi, au regard de ta discographie actuelle et future ?

Un élan passionné vers l’utilisation de l’autotune et des voix pitchées. J’adore cet usage ovniesque des voix. 

4. Après ce titre, tu as dévoilé « Vertige à la plage » le 20 mai dernier : un titre plus doux et tout en chanté-parlé qui traite du thème des relations naissantes. Comment est née l’histoire de ce titre ?

Elle est née dans les entrailles de Pigalle où j’ai vécu quelques années, rue Coustou. Cette rue a la particularité d’être située entre deux mondes : celui des sex shops du boulevard Clichy et un monde plus édulcoré rue Lepic. J’ai la sensation d’avoir été inspirée par ces deux pôles : l’obscurité et la lumière, le blanc et le noir. Après, les paroles sont apparues en écoutant en boucle un track du groupe Plaid intitulé « Manyme » . Quant à l’histoire concrète de ce titre, c’est un mystère car je me suis vraiment appuyée sur le mode de l’écriture automatique !

5. Et d’où puises-tu les inspirations pour tes paroles ?

Dans la littérature, le cinéma, le quotidien, les émotions et mes rêves. 

6. « Vertige à la plage » s’accompagne d’un clip tourné en bord de mer et à l’esthétique quelque peu vintage. Comme les paroles, les images sont libres d’interprétation, même si le fil conducteur du clip semble être la naissance d’un crush entre deux vacancières. Est-ce que tu considères ta musique (ou ton projet artistique tout du moins) comme étant engagée ?

Mon projet je le sens engagé dans la voie de la liberté, je crée comme je le sens en faisant abstraction de ce qu’il serait bon de faire ou pas. Par exemple, la construction de mon track « Blue Dreams » est assez singulière, elle ne répond pas à la structure classique « couplet refrain couplet refrain petit pont refrain ». Avec sa forme déformée, je n’imaginais pas que cette chanson serait jouée sur FIP ! « Vertige à la plage » est beaucoup plus consensuelle en terme de structure. J’aime le mélange, voire la confusion des genres. Je n’ai pas envie d’assouvir le désir d’une maison de disques classique qui serait par exemple de garder la même trame de genre musical sur tous les tracks d’un EP ou d’un album. Être engagé-e c’est donc rester moi-même au plus profond. 

7. Aujourd’hui, « Vertige à la plage » sort en une version remixée par La Belle Epoque, et dévoile ainsi une facette plus douce et peut-être plus estivale encore que la version originale. As-tu dirigé l’artiste pour que le titre sonne ainsi ou lui as-tu laissé carte blanche ?

Oui, c’est vrai c’est plus doux ! J’ai laissé totalement carte blanche à Jérémy (La Belle Epoque). J’aime bien les envolées lyriques qu’il crée avec les synthétiseurs, ça donne un côté mélancolique et assez cinématographique. 

8. Je sais que tu viens seulement de sortir un nouveau titre, mais qu’est-ce qui est à venir dans les prochaines semaines, voire les prochains mois ? Est-ce que ce single annonce un futur EP, ou album, par exemple ?

Idéalement, je compte sortir un nouveau titre et un EP assez versatile en terme de styles : electropop, braindance, electronica. Je suis en train de mettre en place la création d’un nouveau clip pour un titre dont l’instru est dans un mood electro cold-wave et avec un flow très spoken-word. Ce track annoncerait la sortie de l’EP peut-être pour l’automne prochain. Et ensuite un album dans un délire mixtape, je suis en pleine cogitation à ce sujet. Mais oui, l’idée de « mixtape » m’obsède, j’aimerais que tous les titres s’enchaînent harmonieusement, qu’il y ait de jolies interludes. J’y travaille !

9. On peut aussi te retrouver régulièrement au Rosa Bonheur pour des DJ sets en semaine ; est-ce que des représentations en live sont à venir de ton côté ?

Oui, je suis résidente au Rosa Bonheur, c’est une superbe expérience ! Ce lieu est assez unique en terme d’ambiance avec une équipe bienveillante, je m’y sens vraiment safe. Quant aux lives, je vais plutôt attendre la sortie de l’EP. Je travaille dessus avec ma professeure Ghislaine Lenoir au Studio des Variétés, elle me drive pour une formule live de 30 minutes et une autre d’une heure. J’ai pris le parti d’être seule sur scène avec mes petites machines. Quand l’occasion se représentera, collaborer avec un-e artiste visuel-le pour le live comme je l’avais fait en 2019 avec phormazero serait magique !

10. Enfin, et je pose toujours cette question en fin d’interview parce que j’aime beaucoup le fait de laisser la possibilité aux artistes de faire découvrir d’autres artistes : est-ce qu’il y a un-e artiste que tu suis de près en ce moment, et si oui pourquoi ?

Kae Tempest ! Kae incarne le feu, la force vitale et un verbe hyper libertaire. Son dernier album « The line is a curve » est un pur joyau tant dans les instrus que dans les paroles. J’y entends le lâcher-prise, l’apaisement, ça me fait du bien. J’aime beaucoup sa facette « littéraire », ce qui est très précieux dans le monde de la musique. Kae accorde une importance minutieuse à chaque mot, j’aime le soin qu’un-e artiste peut apporter au choix des mots.


Agnès Aokky est à retrouver sur toutes les plateformes de streaming. Vous pouvez également la suivre sur Instagram !

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About the Author: Cloé Gruhier

Rédactrice web depuis plusieurs années, j'ai une passion prononcée pour les musiques électroniques et alternatives. Des envolées synthétiques de Max Cooper aux mélodies et textes introspectifs de Banks, mon radar détecte les nouveautés des scènes indépendantes françaises et internationales, et ce entre deux stratégies de communication pour des labels et artistes indépendants !

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