La folk, ce genre de musique caractérisé par la forte présence de cordes pincées de guitare acoustique et de voix pleines d’émotions. Si elle continue de se décliner de cette manière, de nombreux artistes prennent avantage des évolutions technologiques et des codes de la musique électronique pour la changer, créant par la même occasion de nouveaux genres musicaux comme la folktronica – un mélange, comme vous l’aurez compris, de folk et d’electronica.

Et comme vous savez qu’on aime décortiquer ces nouveautés, ces changements soudains ou progressifs, ces nouveaux aspects qui viennent s’ajouter à des genres musicaux pré-existants, on a longuement diggé les ondes pour vous faire écouter ces nouvelles variations. Parmi les titres que l’on vous présente aujourd’hui, vous y retrouverez la douceur éveillée de Sunflower Summit, les morceaux intimistes de Low Girl ou encore les expérimentations indie-electro-pop de LIVSKA. On écoute donc dans cette playlist de dix titres les oeuvres de Sunflower Summit, Muca & La Marquise, NAYAD, Low Girl, Faerie, Ornoise, LIVSKA, Magali A Cult, Yannick Massard ou encore d i z m a t i o n.

Sunflower Summit

Sunflower Summit – Metronome Heart

On en a entendu, des chansons qui parlent du mal-être qu’une personne peut ressentir dans sa vie. Certaines décrivent ce mal-être de manière explicite, d’autres de manière un peu plus subtile, et c’est le cas de « Metronome Heart » de sunflower Summit, une artiste dont la folk se veut à la fois douce et candide.  « Metronome Heart », c’est un moyen de décrire les battements de coeur, mais aussi un rythme de vie tellement millimétré que le quotidien perd peu à peu sa saveur… jusqu’à ce que l’être vivant cette passe maussade dans sa vie lise entre les lignes de cette dernière, et se replonge dans la beauté de son quotidien, des choses accomplies, et ce à n’importe quel âge de sa vie.

« En un mot, « Metronome Heart » parle de désillusion. Il parle de ce moment où l’on remarque que les couleurs de notre vie se sont assoupies, qu’on est face au mur, ou face à la vérité plutôt. Au fur et à mesure que la chanson se développe, l’auditeur traverse ce moment temporaire pour retrouver enfin les couleurs de la vie à travers la beauté du quotidien, pour se rendre compte qu’il existe des leçons et qu’on peut trouver une forme de consolation dans les périodes basses de sa vie et qu’on peut les honorer. » – Sunflower Summit à propos de « Metronome Heart »

Pour décrire ce sentiment, cette impression maussade, Sunflower Summit fait appel à la voix aérienne de Lace & Grit ; les claviers et les percussions quasi imperceptibles – qui, nous le pensons, symbolisent ces battements de coeur imperceptibles au quotidien mais qui agissent en arrière-plan et rythme notre vie – soutiennent la voix de Lace & Grit, faisant de « Metronome Heart » une collaboration unique et dont on ne se lasse pas de réécouter.

Muca & La Marquise – Cheap Red Wine

On poursuit notre exploration folk du jour avec le nouveau single du compositeur et guitariste Muca, qui collabore cette fois-ci avec la chanteuse La Marquise sur son dernier single, intitulé « Cheap Red Wine ». Sur fond de guitare acoustique jouée par Muca mais également d’accords épars de violons, la voix de La Marquise se pose. Cette dernière relate nonchalamment une histoire sombre, une histoire d’un couple au bord de la rupture, dont les comportements sont presque violents et dont les tempéraments ne sont plus compatibles, laissant la femme noyer son chagrin et ses peurs dans l’alcool. Alors que La Marquise déclame cette histoire aussi bien avec émotion que détachement, la guitare de Muca souligne avec brio la narration, et atténue la dureté, la colère sous-jacente des paroles avec des accords mélodieux et apaisants.

« Might have to swallow my pride
Do I really have to pick a side ?
After all, I got mine, you got yours.
Everything happening behind closed doors. »
– Muca & La Marquise – Cheap Red Wine

Muca est un compositeur originaire de… dont la musique fait intervenir les voix de chanteurs et chanteuses de tous bords, La Marquise étant un personnage créé de toutes pièces par Muca lui-même. Pour quelle raison ? Parce qu’il n’aime pas travailler avec une seule et même personne sur son projet, aussi souhaite-t-il monter un concept nommé « Muca Presents », qui lui permettra de mettre en avant des chanteurs et chanteuses de son entourage. En parallèle, Muca travaille notamment sur son prochain album, « Bus 55 », dont la sortie est prévue pour le mois de juin 2021.

NAYAD

NAYAD – Red Carpet Sand

La folk prend une tournure beaucoup plus électronique, plus pop et presque psychédélique sur le nouveau titre de NAYAD, intitulé « Red Carpet Sand ». Flirtant avec les caractéristiques de la musique indie, la voix de la chanteuse de NAYAD se fait aérienne, jouant agréablement avec les effets de réverbérations pour envelopper son auditeur dans un hameau de confort qui met entre parenthèse tous les tracas du quotidien l’espace d’un instant. Un jeu de question-réponse se met petit à petit en place entre la voix et la guitare, laissant ainsi les deux protagonistes parler un temps de rupture, un autre de réconciliation.

« Babe, why are you so sad ?
It’s not really that bad
Now you seem to understand
This is not the promise that you hoped you would find »
– NAYAD – Red Carpet Sand

NAYAD est un groupe originaire de Stockholm, en Suède. Ils collaborent avec des artistes dont la notoriété se fait grandissante – « Red Carpet Sand » a en effet été mixé par le duo de producteurs Swedish Red Elephant, dont l’un des membres fait partie du groupe indie-rock I Don’t Speak French. Forts de leurs précédents succès les ayant amenés à être diffusés en radio nationale et être repérés par le média digital Indie Shuffle, NAYAD a beau être un très jeune groupe, ils ont déclamé haut et fort leur entrée sur la scène indé !

Low Girl

Low Girl – Lovable Maybe

Low Girl est une artiste plus que prometteuse. Déjà repérée par bon nombre de médias largement prescripteurs de talents comme les radios BBC ainsi que The Line OF Best Fit, elle ne fait qu’appuyer un démarrage sur les chapeaux de roue avec son nouvel EP, intitulé « Big Now ». Si aujourd’hui on se concentre essentiellement sur le titre « Lovable Maybe », les cinq titres qui composent l’EP ont tous un aspect intime, personnel, qui traite notamment de ses difficultés à créer, au quotidien, à cause de troubles obsessionnels et compulsifs qui l’empêchent de vivre sa vie comme elle le souhaite. Elle l’explique notamment en s’exprimant au sujet de son titre « Sertraline », le dernier titre de l’EP.

« La lourde présence de ce trouble dans mes paroles reflète ma vie et ma réalité, sauf que j’ai l’impression d’avoir le dernier mot dans mes chansons. Sertraline me permet de reprendre le contrôle sur toutes mes difficiles pensées intrusives et me permet d’imaginer un futur dans lequel je suis aussi déconnectée du monde que je l’étais quand j’étais enfant. » – Low Girl à propos de son titre « Sertraline »

Ainsi, en ayant toutes ces informations en tête, un titre aussi mélancolique que joyeux comme « Lovable Maybe » prend une toute autre tournure ; prendre connaissance de ces troubles et de sa bataille quotidienne nous permet de lire entre les lignes de ce titre aux aspects à la fois folk et indie. « Lovable Maybe » raconte en effet l’histoire d’une jeune femme qui se demande si elle peut être aimée telle qu’elle est par la personne qu’elle aime, le tout sur fond de notes de synthés étirées, et de percussions à la rythmique millimétrée et faussement enjouée.

« Can you handle me ?
When I’m crying at half past three
About something stupid that I touched
Am I worthy of your love ? »
– Low Girl – Lovable Maybe

On vous laisse également écouter le reste de l’EP si vous avez apprécié « Lovable Maybe » !

Faerie

Faerie – re:invite to the moon

On poursuit dans les sphères oniriques de la folk avec la chanteuse américaine Faerie. Elle décrit son monde comme étant aussi fantastique que chaotique – nous, on le voit comme multiple et diversifié, et son single « re:invite to the moon » en est la preuve ultime. Si jusqu’à présent elle évoluait dans les univers de la dreampop et de la synthpop, elle fait cette fois-ci un pas de côté, s’autorisant une bal(l)ade dans un monde plus organique, dont les contours sont dessinés par des notes de guitare, de basse, de batterie acoustique mais aussi de claviers au côté aussi enfantin qu’innocent. Ce décor sonore produit par le producteur espagnol VelviV lui permet de s’exprimer, tout en douceur, sur un monde fictif qui touche à sa fin, et dans lequel elle souhaite tout de même voir le côté positif des choses, et ce dernier se trouve dans les étoiles visibles à la nuit tombée.

« So nice to meet you on the other side
Watching stars fall with meteorites
Take a moment to feel us collide
It feels so good to fly »
– Faerie – re:invite to the moon

Faerie est une artiste originaire de New York aux Etats-Unis. Elle évolue en tant que Faerie depuis 2016 ; son projet est l’apogée d’une formation classique combinée à des influences jazz, pop et folk, trois univers qui lui permettent de traduire en musique ses pensées et sa vision du monde.

Et si vous avez apprécié l’univers de Faerie, on vous conseille d’écouter son premier EP, intitulé « 2am », sorti plus tôt cette année !

Ornoise

Ornoise – Kallunda

Considérez ce titre comme un entracte dans notre épopée folk. On traverse l’Atlantique de nouveau et on quitte les Etats-Unis pour la Belgique cette fois-ci ; on croise sur notre chemin Ornoise, un producteur de musique électro-organique dont la musique se fait pleine de sens, bien que dépourvue de paroles. S’il produisait auparavant de la musique électronique et techno, Ornoise, de la même manière que Faerie mentionnée précédemment, décide lui aussi de faire un pas de côté et de s’essayer à des musiques plus calmes, plus introspectives et descriptives d’un environnement et d’un état d’esprit.

Composé entièrement chez lui, son EP « Men Cry Too » décrit en musique un état marqué par les événements de l’année passée, l’absence de concert, mais aussi le besoin de se retrouver en famille et d’être en phase avec ses émotions – d’où le titre de l’EP, qui insiste sur le fait que pleurer n’est pas une question de genre mais d’âme, et que tout âme est en capacité de souffrir et par conséquent d’exprimer une souffrance.

Aujourd’hui, on se concentre essentiellement sur le titre « Kallunda », un titre qui fait la part belle à un synthé saturé qui prend le lead sur le reste de la mélodie, une mélodie syncopée ponctuée de vocalises qui semblent s’apparenter à des chants de sirène ; « Kallunda » rappelle aussi les travaux de Caribou comme de Bicep.

LIVSKA

LIVSKA – Patience

L’entracte électronique d’Ornoise nous permet de passer au deuxième acte de cette playlist ; on ouvre le champ des possibles avec des productions plus électroniques, passant ainsi la folk en second plan, mais la laissant toujours visible en filigrane. On écoute donc le premier titre de LIVSKA, intitulé « Patience », un titre qui évoque sans filtre les émotions qui naissent et qui heurtent un être qui aime passionnément quelqu’un, sans que ce dernier ou cette dernière l’aime en retour. Évoquées sans emphase dans les couplets comme dans les refrains, les émotions exprimées dans les paroles se voient prolongées dans les accords de guitare électro-acoustique, donnant ainsi un air indie folk à un titre dont la palette artistique est largement électro pop.

« And I notice how you feel let down
Can you tell me how you feel inside, in this moment ? »
– LIVSKA – Patience

Bien que « Patience » soit le premier titre officiel de LIVSKA, l’artiste n’en est pas à son coup d’essai, ses débuts au sein du groupe Seattle Fix ayant été en effet largement remarqués sur les ondes australiennes l’année dernière, atteignant même les auditeurs de la renommée radio nationale Triple J. Forte de ce succès, elle souhaite passer à l’étape supérieure en développant son propre projet artistique. LIVSKA développe ainsi depuis chez elle sa palette artistique et traduit ses pensées en musique ; le résultat des expérimentations de LIVSKA est résolument pop, et évolue à la confluence de la dreampop et de l’indie pop, et dont les influences de The XX ainsi que de PVRIS se ressentent allègrement. Artiste à suivre de près !

Magali A Cult

Magali, A Cult – Magic Potion

On passe à l’étape supérieure avec Magali, A Cult, une productrice et chanteuse pour le moins mystérieuse et dont l’usage des instruments comme la batterie ou les boîtes à rythmes frôle largement les sphères de la musique expérimentale. Quel est le lien avec la folk vous nous direz ? Le traitement de sa voix fait sans conteste penser à ce que l’indietronica et la folktronica ont de meilleur à offrir, et ce contraste entre musique expérimentale et musique indie se ressent particulièrement bien sur « Magic Potion », le premier titre de son EP intitulé « V21 ».

Magali, A Cult s’inspire largement de thématiques comme les nouvelles technologies, l’espace temps ou encore la possibilité d’un voyage interstellaire. Si toutes ces influences se ressentent particulièrement bien dans son EP, c’est sur « Magic Potion » que nous nous attardons particulièrement. L’artiste indique que les premiers titres de son EP font référence au début d’un voyage interstellaire dans lequel tout se passe pour le mieux, la décadence n’intervenant qu’en fin d’EP. Ainsi, au rythme des caisses claires frappées de manière dissonante et de l’extrême réverbération appliquée à sa voix, on plonge dans un univers surréaliste dans lequel Magali, A Cult se veut être notre guide.

Si vous avez apprécié les expérimentations électro-organiques de Magali, A Cult qui rappellent aussi bien Crystal Castles que Tirzah, on vous conseille fortement d’écouter le reste de son EP avec une oreille attentive !

Yannick Massard

Yannick Massard – Rewind

On quitte l’espace interstellaire pour remettre les pieds sur Terre, et Yannick Massard est celui qui assure notre descente. Ses travaux rappellent aussi bien les travaux d’Emmit Fenn que de Monolink, et se caractérisent largement par leur aspect électro-acoustique. Aujourd’hui c’est sur son dernier single « Rewind » sur lequel on se concentre ; le titre se caractérise par  la ses accords de piano, de guitare, ses percussions sèches et répétées, ainsi que sa voix mi robotique mi humanisée, qui déclame seulement quelques mots ; il cristallise une émotion, un ressenti dans ces dernières : celui de la chaleur des bras d’un être aimé.

« Dreaming,
I feel your arms around me when I’m dreaming
When I’m dreaming »
– Yannick Massard – Rewind

Yannick Massard ne publie ses oeuvres sur les plateformes de streaming que depuis un an à peine. Il a mis en ligne son premier single sur les plateformes de streaming en Avril 2020 ; dès son premier titre, il conjugue accords de piano et productions électroniques à merveille, faisant de ses productions des oeuvres électro pop alternatives, rendues quasi épiques par les traitements électroniques appliqués sur les instruments qui les composent.

Si vous avez apprécié Yannick Massard : Alerte clip hypnotique : le dernier single de Monolink, « The Prey », met en exergue toute la beauté du monde qui nous entoure.

Dizmation Never Destroyed

d i z m a t i o n – Never Destroyed

Enfin, on termine notre sélection de titres avec le dernier single en date de Dizmation, un artiste originaire de Dublin en Irlande dont la musique oscille entre musique folk acoustique et indietronica. Son dernier titre en date, intitulé « Never Destroyed », fait état d’une exploration de ce qu’est être un artiste, mais également du processus créatif, cet état d’esprit quasi impulsif qui pousse un artiste à la création, un état que Dizmation rapproche de celui de l’addiction.

« For tonight
I’m here in this song
Trapped among the waves
It won’t leave me alone »
– Dizmation – Never Destroyed

« Never Destroyed » est un titre progressif, un titre que l’on pourrait placer sur la carte musicale entre la fraîcheur des titres de l’Islandais Ásgeir et le calme des chansons de The Lumineers. Si les inspirations principales de Dizmation se trouvent dans l’art, l’expression personnelle ou encore la quête de sens, en décrivant le processus artistique et les sentiments qu’il ressent face à sa condition d’artiste, c’est surtout sur le côté cathartique et apaisant de la création artistique qu’il se concentre, faisant de « Never Destroyed » un titre aussi métaphorique que relaxant.


Cette playlist est à retrouver sur notre compte Spotify. Si vous avez apprécié cette playlist, on vous conseille également d’écouter l’une de nos précédentes sélections : hauméa selects #3 !

– disclaimer : sélection de titres effectuée via MusoSoup #SustainableCurator.

Vous avez apprécié cet article ?

Faites un don pour nous soutenir !

About the Author: Cloé Gruhier

Rédactrice web depuis plusieurs années, j'ai une passion prononcée pour les musiques électroniques et alternatives. Des envolées synthétiques de Max Cooper aux mélodies et textes introspectifs de Banks, mon radar détecte les nouveautés des scènes indépendantes françaises et internationales, et ce entre deux stratégies de communication pour des labels et artistes indépendants !

Vous lisez cet article sur votre téléphone ?

App Store application hauméa magazine
Google Play hauméa magazine hauméa application