{"id":5284,"date":"2023-10-06T10:00:03","date_gmt":"2023-10-06T08:00:03","guid":{"rendered":"https:\/\/www.haumeamagazine.com\/?p=5284"},"modified":"2023-10-05T19:04:43","modified_gmt":"2023-10-05T17:04:43","slug":"les-rencontres-culture-egalites-de-la-sacem-une-journee-aussi-remplie-despoir-de-que-codes-patriarcaux-ancres-dans-le-subconscient","status":"publish","type":"post","link":"https:\/\/www.haumeamagazine.com\/les-rencontres-culture-egalites-de-la-sacem-une-journee-aussi-remplie-despoir-de-que-codes-patriarcaux-ancres-dans-le-subconscient\/","title":{"rendered":"Les Rencontres Culture & Egalit\u00e9s de la Sacem : une journ\u00e9e aussi remplie d’espoir de que codes patriarcaux ancr\u00e9s dans le subconscient"},"content":{"rendered":"

Les Rencontres Culture & Egalit\u00e9s ont lieu depuis maintenant 5 ans \u00e0 la Sacem, organisme de gestion collective dont le nom est un acronyme qui signifie la Soci\u00e9t\u00e9 des Auteurs, Compositeurs et Editeurs de Musique. La Sacem, qui g\u00e8re la collecte et les r\u00e9partitions des droits d’auteur d’un catalogue de plusieurs millions d’oeuvre, est une soci\u00e9t\u00e9 collective g\u00e9r\u00e9e par ses membres, et elle organise r\u00e9guli\u00e8rement des \u00e9v\u00e9nements, allant des Grands Prix Sacem<\/a><\/span> aux rencontres qui, cette ann\u00e9e, ont eu lieu au 3\u00e8me \u00e9tage du si\u00e8ge, bas\u00e9 \u00e0 Neuilly-sur-Seine avec une vue imprenable sur le quartier de La D\u00e9fense.<\/strong><\/p>\n

Ces rencontres, qui avaient pour marraine Coline Serreau, figure embl\u00e9matique du cin\u00e9ma fran\u00e7ais, se sont d\u00e9roul\u00e9es le 29 septembre, et ont \u00e9voqu\u00e9 des sujets aussi larges que la place des femmes* dans les postes \u00e0 responsabilit\u00e9 des industries culturelles que les nouvelles technologies, l’intelligence artificielle, l’\u00e9cologie en passant par des r\u00e9cits de vies de femmes implant\u00e9es et influentes dans le monde de la culture. Artistes, professionnelles ou les deux, chacune avait un point de vue clair sur les questions qui leur ont \u00e9t\u00e9 pos\u00e9es… et le moins que l’on puisse dire, c’est que la d\u00e9construction de l’ordre patriarcal est certes en marche, mais est n’est pas encore arriv\u00e9e \u00e0 son terme pour tous-tes.<\/p>\n

\"Photo<\/p>\n

Des invit\u00e9-es et des chiffres remarquablement pr\u00e9cis.<\/h2>\n

Des invit\u00e9-es de renom, artistes ou non.<\/h3>\n

Parmi les choses que l’on salue amplement, il y a le choix des invit\u00e9-es qui ont anim\u00e9 les t\u00e9moignages, cartes blanches, dialogues et tables rondes qui ont ponctu\u00e9 cette journ\u00e9e au si\u00e8ge de la Sacem. On comptait parmi elles la marraine de cette journ\u00e9e, Coline Serreau, dont le parcours et les travaux ont \u00e9t\u00e9 sem\u00e9s d’emb\u00fbches ; des artistes, comme DeLaurentis<\/a><\/span> ou Fredrika Stahl pour ne citer qu’elles, \u00e9taient \u00e9galement partie prenantes de ces discussions. Etaient \u00e9galement pr\u00e9sentes Anne Dorr, autrice-r\u00e9alisatrice de programmes de flux \u00e0 la t\u00e9l\u00e9vision et de documentaires, Vanessa Bertran, dialoguiste, No\u00e9mie De Lattre, actrice, mais aussi Marine Forde, directrice de la production cin\u00e9ma chez Gaumont, pour repr\u00e9senter les pans audiovisuels et t\u00e9l\u00e9visuels de la culture. C\u00f4t\u00e9 technologie et intelligence artificielle, aux c\u00f4t\u00e9s de DeLaurentis \u00e9taient pr\u00e9sentes Marion Carr\u00e9, fondatrice de AskMona, mais aussi M\u00e9lanie Lopez Malet, data scientist chez Ubisoft.<\/p>\n

Une ancienne haute fonctionnaire du Minist\u00e8re de la Culture, Reine Prat, \u00e9tait pr\u00e9sente pour introduire avec des chiffres et pr\u00e9cisions sur l’absence d’implication du gouvernement dans la lutte pour l’\u00e9tude et la correcte repr\u00e9sentation des femmes dans la culture… et le moins que l’on puisse dire, c’est que les chiffres des \u00e9tudes qui ont \u00e9t\u00e9 men\u00e9es montrent bien que, malgr\u00e9 les engagements du gouvernement en la mati\u00e8re lorsque celui-ci s’est engag\u00e9 dans la lutte, les moeurs n’\u00e9voluent pas et ont au contraire tendance \u00e0 s’ancrer plus profond\u00e9ment chez les nouvelles g\u00e9n\u00e9rations. Et ce, malgr\u00e9 la sensibilisation faite autour de ces sujets.<\/p>\n

Des chiffres en d\u00e9calage avec les mesures de sensibilisation \u00e0 la place des femmes* dans la culture.<\/h3>\n

Dans la pratique, parmi tous-tes les membres de la Sacem, seules 18% des membres sont des femmes*, et parmi les inscrites qui ont le r\u00f4le de r\u00e9alisatrice, seules 5% d’entre elles vivent de leur m\u00e9tier. Parmi les dipl\u00f4m\u00e9es des m\u00e9tiers d’arts et de culture (63%), seules 34% sont en poste. 16% de femmes sont \u00e0 la direction des op\u00e9ras de France, 7% sont compositrices, 4% sont cheffes d’orchestre… et seulement 25% des femmes artistes touchent des aides \u00e0 la cr\u00e9ation. Les chiffres sont alarmants ; la feuille de route interminist\u00e9rielle r\u00e9dig\u00e9e en 2017 pour la lutte contre les violences sexistes et sexuelles (VSS) indique, en introduction d’apr\u00e8s les mots de Reine Prat, que “le constat reste s\u00e9v\u00e8re”. Le comit\u00e9 interminist\u00e9riel biannuel pour attester d’un suivi en la mati\u00e8re ne s’est jamais r\u00e9uni pour autant.<\/p>\n

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“Les femmes sont 2,2 millions de plus que les hommes en France, donc quand elles demandent la parit\u00e9, elles sont vraiment sympa” \u2013 Coline Serreau lors de son introduction aux Rencontres Culture & Egalit\u00e9s de la Sacem.<\/em><\/p>\n<\/blockquote>\n

Des exceptions… qui confirment la r\u00e8gle.<\/h3>\n

Et si certain-es diront que des am\u00e9liorations sont en vues, on ne peut que leur r\u00e9pondre que justement, c’est parce que c’est le cas que la vigilance reste de mise : si autrefois 8% des centres dramatiques \u00e9taient dirig\u00e9s par des femmes, aujourd’hui, c’est le cas de 42% d’entre eux. \u00c0 l’inverse, alors que 42% des centres chor\u00e9graphiques \u00e9taient dirig\u00e9s par des femmes il y a quelques ann\u00e9es, aujourd’hui, elles ne sont, justement, plus que 8%.<\/p>\n

Dans les nouvelles technologies, il y a \u00e9galement une marge de progression : on compte 22% de femmes dans la tech, mais depuis deux \u00e0 trois ans, 30% d’entre elles occupent des postes dans le monde de la data. Ceci dit, lorsque les nouvelles technologies n’\u00e9taient que peu consid\u00e9r\u00e9es, les femmes s’\u00e9taient naturellement empar\u00e9es de ces derni\u00e8res. C’est lorsqu’elles ont gagn\u00e9 en popularit\u00e9 et en reconnaissance que la proportion d’hommes dans le milieu a augment\u00e9.<\/p>\n

La vigilance est toujours de mise… et ce n’est pas parce que certains postes voient une proportion de femmes surrepr\u00e9sent\u00e9e que la lutte s’arr\u00eate, comme c’est le cas avec le m\u00e9tier dialoguiste \u2013 occup\u00e9 \u00e0 80% par des femmes, c’est un m\u00e9tier qui, comme le souligne Vanessa Bertran, dialoguiste elle-m\u00eame, est un m\u00e9tier de langues, naturellement plus port\u00e9 par les femmes, et un m\u00e9tier qui s’exerce \u00e0 domicile, donc l\u00e0 aussi stigmatis\u00e9 comme “f\u00e9minin” et moins occup\u00e9 par les hommes. Ce n’est pas parce que des exceptions existent que la r\u00e8gle s’\u00e9branle par la m\u00eame occasion.<\/p>\n

Une matin\u00e9e porteuse d’espoir face aux r\u00e9alit\u00e9s des m\u00e9tiers de la culture.<\/h2>\n

Une vague d’espoir dans le chaos que l’on essaie toujours d’organiser.<\/h3>\n

Cette premi\u00e8re partie des Rencontres Culture & Egalit\u00e9s ont fait cohabiter deux sentiments contraires : celui d’un puissant espoir avec celui d’un r\u00e9signement plac\u00e9 sous le signe de la ritournelle “mais on ne s’en sortira jamais, en fait”.<\/p>\n

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“Un monde de superwomen harass\u00e9es, ce n’est pas la solution” \u2013 Coline Serreau lors de son introduction aux Rencontres Culture & Egalit\u00e9s de la Sacem.<\/em><\/p>\n<\/blockquote>\n

Mais en cette premi\u00e8re demi-journ\u00e9e, c’est l’espoir qui r\u00e8gne en ma\u00eetre(sse). Se succ\u00e8dent sur l’estrade de l’amphith\u00e9\u00e2tre du troisi\u00e8me \u00e9tage de la Sacem des femmes fortes, r\u00e9silientes, aux points de vues tant\u00f4t pacifistes tant\u00f4t emplis d’une rage douce qui s’exprime sur le ton du politiquement correct. Un rire g\u00ean\u00e9 parcourt la salle, ce rire qui dit “je connais bien \u00e7a”, lorsque Coline Serreau affirme haut et fort de nous battre, en tant que femmes*, comme des lionnes. Ce m\u00eame rire empli de puissance cach\u00e9e retentit encore lorsque M\u00e9lissa Bounoua, co-fondatrice de la soci\u00e9t\u00e9 de production de podcast Louie M\u00e9dia, affirme avoir entendu de la part d’hommes “mais pourquoi vous ne voulez pas travailler avec des hommes?” de la part d’un fonds d’investissement… qui ne comptait que des hommes \u00e0 son board, ne voyant pas l’ironie de la situation inverse.<\/p>\n

Les sourires s’\u00e9largissent lorsque Vanessa Bertran, dialoguiste membre de la Sacem, dit que le m\u00e9tier de dialoguiste s’accompagne n\u00e9cessairement d’une capacit\u00e9 d’adaptation et de mise en retrait… qualit\u00e9s qu’on attribue obligatoirement aux femmes du patriarcat, ne leur donnant pas la possibilit\u00e9 d’y d\u00e9roger sous peine d’\u00eatre qualifi\u00e9e “d’hyst\u00e9rique”. Enfin, les yeux s’\u00e9merveillent des suites de l’intervention de No\u00e9mie De Lattre, actrice, lorsqu’elle souligne le poids du langage sur nos pens\u00e9es, affirmant que des “mots masculins feront un monde masculin”, une phrase suivie de chauds applaudissements dans la salle. L’espoir r\u00e8gne entre les lignes ; un sentiment nouveau de coh\u00e9sion, de sororit\u00e9 et d’appartenance de cr\u00e9e entre les si\u00e8ges de l’amphith\u00e9\u00e2tre, presque tous frapp\u00e9s d’un nom d’homme sur leur dos.<\/p>\n

Un besoin de role models amplement rempli lors de ces Rencontres.<\/h3>\n

L’une des phrases qui ponctuait presque tous les discours, quel que soit le poste de la personne qui prenait la parole, \u00e9tait le besoin de role models, de repr\u00e9sentation f\u00e9minine \u00e0 des postes ou dans des domaines que l’inconscient collectif et soci\u00e9tal qualifie de masculin. DeLaurentis, artiste productrice de musique \u00e9lectronique faisant la part belle \u00e0 l’intelligence artificielle dans sa musique depuis quelques ann\u00e9es, affirme que c’est le visionnage d’un documentaire \u2013 “Sisters With Transistors” \u2013 dans lequel apparaissait alors Laurie Anderson, pionni\u00e8re en mati\u00e8re de musiques \u00e9lectroniques, qu’elle s’identifie pour la premi\u00e8re fois dans ce milieu, et se dit “donc c’est possible, c’est ce que je veux faire”.<\/p>\n

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En savoir plus :\u00a0Ind\u00e9pendance artistique, cr\u00e9ation musicale et intelligence artificielle : on a discut\u00e9 avec DeLaurentis<\/a><\/span><\/h4>\n<\/blockquote>\n

Il en allait de m\u00eame pour les \u00e9tudiantes et dipl\u00f4m\u00e9es du Conservatoire National de Paris qui discutaient, lors d’une table ronde avec leur nouvelle directrice, Emilie Delorme, premi\u00e8re femme \u00e0 ce poste depuis la cr\u00e9ation du CNSMD il y a 228 ans. L’une d’entre elles, en passe d’\u00eatre dipl\u00f4m\u00e9e pour devenir cheffe d’orchestre, disait avoir \u00e9t\u00e9 inspir\u00e9e et a vu ses candidatures acc\u00e9l\u00e9r\u00e9es par la mise en relation avec une autre femme \u00e9tudiante et cheffe d’orchestre aujourd’hui. Si le langage fait encore d\u00e9faut \u2013 la p\u00e9riode de la Renaissance et des Lumi\u00e8res ayant effac\u00e9 all\u00e8grement des mots comme autrice, m\u00e9decine ou encore po\u00e9tesse de la langue fran\u00e7aise alors qu’ils existent depuis toujours \u2013 il est temps de pallier \u00e0 cette absence de qualificatif f\u00e9minins pour nommer les m\u00e9tiers des femmes.<\/p>\n

La repr\u00e9sentation f\u00e9minine \u00e0 des postes souvent occup\u00e9s par des hommes** est n\u00e9cessaire, pour ne pas dire vitale pour amorcer de profonds changements dans notre soci\u00e9t\u00e9… et \u00e0 l’heure o\u00f9 les femmes attendent de correspondre \u00e0 80% d’une fiche de poste pour d\u00e9poser une candidature tandis que les hommes attendent de correspondre \u00e0 20% de cette derni\u00e8re \u2013 selon les dires de la table ronde du CNSMD \u2013 on est en droit de se dire que leur absence n’est pas d\u00fb \u00e0 un manque de qualification ni de comp\u00e9tences.<\/p>\n

Cela ne sera possible que si les moeurs changent, que si les femmes s’affranchissent du besoin de reconnaissance de leurs sup\u00e9rieur-es hi\u00e9rarchiques (souvent, comme on l’a dit, des hommes) pour avancer en poste, et si les pratiques de s\u00e9lection et de recrutement changent dans les institutions en place. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que l’apr\u00e8s-midi des Rencontres Culture & Egalit\u00e9s fait \u00e9cho aux constats de Reine Prat : la volont\u00e9 de changer est l\u00e0, mais les coutumes patriarcales restent souvent ancr\u00e9es et les avanc\u00e9es encore timides.<\/p>\n

Une apr\u00e8s-midi en demi-teinte, ponctu\u00e9e de sch\u00e9mas patriarcaux ancr\u00e9s dans les pratiques professionnelles.<\/h2>\n

Des changements qui masquent des processus de recrutement et de s\u00e9lection encore sexistes.<\/h3>\n

L’apr\u00e8s-midi a \u00e9t\u00e9 marqu\u00e9e par trois temps de rencontres majeurs, \u00e0 savoir une carte blanche donn\u00e9e \u00e0 Emilie Delorme, r\u00e9cemment promue au r\u00f4le de directrice du CNSMD, mais aussi \u00e0 C\u00e9cile Rap-Veber, r\u00e9cemment elle aussi promue au r\u00f4le de directrice g\u00e9n\u00e9rale mais de la Sacem cette fois-ci, et enfin, une table ronde sur le sujet de l’\u00e9cologie, avec pour intitul\u00e9 “Transition \u00e9cologique dans la culture : un levier pour plus d\u2019\u00e9galit\u00e9s?”.<\/p>\n

L\u00e0 o\u00f9 le discours patriarcal reste encore perceptible en filigrane, malgr\u00e9 des avanc\u00e9es sur certains points, c’est justement dans les actions men\u00e9es par l’institution qu’est le Conservatoire National Sup\u00e9rieur de Musique et de Danse, v\u00e9ritable r\u00e9f\u00e9rence dans les musiques classiques et jazz depuis sa cr\u00e9ation en 1795. Bien qu’on ne puisse pas en vouloir \u00e0 Emilie Delorme \u2013 en poste depuis seulement d\u00e9but janvier 2020 \u2013 qui a tout de m\u00eame men\u00e9 des actions pour nommer une vingtaine de salles d’expression artistique avec des noms de femmes, en oeuvrant pour tourner et diffuser des documentaires sur leur contribution au monde des arts, on remarque encore des trames de discours patriarcaux, notamment dans le processus de s\u00e9lection aux concours d’entr\u00e9e et de recrutement aux postes du CNSMD.<\/p>\n

Est affich\u00e9, en arri\u00e8re-plan de la table ronde qui suit l’intervention d’Emilie Delorme, les chiffres de la promotion 2023 en composition, jazz et direction d’orchestre. Si des femmes, m\u00eame en minorit\u00e9, se pr\u00e9sentent \u00e0 chacun des trois concours, force est de constater que leur part est largement plus repr\u00e9sent\u00e9es chez les candidates que chez les admises. Il en va de m\u00eame pour les postes pourvus au CNSMD, qui indique qu’ils et elles ne “re\u00e7oivent que peu de candidatures de la part de femmes” pour attester de l’absence de femmes aux r\u00e9cents postes pourvus… or, il y a bien eu des candidatures. Dans les esth\u00e9tiques jazz, on note la remarque de Mme Delorme qui \u00e9nonce que dans le jazz la pr\u00e9sence des femmes est quasi anecdotique, et que lorsqu’elles sont repr\u00e9sent\u00e9es, les femmes sont bien souvent issues de programmes Erasmus qui les font venir en France. Sommes-nous donc en droit de nous demander s’il ne s’agit pas l\u00e0 non pas d’un probl\u00e8me de comp\u00e9tences dans le monde de la musique jazz en France, mais simplement d’un probl\u00e8me fran\u00e7ais ?<\/p>\n

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“Quand on fixe des quotas, on trouve des femmes. Quand on n’en fixe pas, on trouve des excuses.” \u2013 Reine Prat lors de son intervention lors des Rencontres Culture et Egalit\u00e9s \u00e0 la Sacem<\/em><\/p>\n<\/blockquote>\n

Des discours qui semblent progressistes mais qui, l\u00e0 aussi, font effet tampon.<\/h3>\n

S’ensuit la conf\u00e9rence “Une conversation avec C\u00e9cile Rap-Veber”, directrice g\u00e9n\u00e9rale de la Sacem, qui fait \u00e9galement intervenir Marine Forde, directrice de la production cin\u00e9ma chez Gaumont. Lorsque C\u00e9cile Rap-Veber raconte son parcours, elle nous raconte \u00eatre pass\u00e9e par les majors avant d’entrer \u00e0 la Sacem, notamment chez Universal \u00e0 diff\u00e9rents postes o\u00f9 elle a pu gravir les \u00e9chelons sous l’\u00e9gide d’un patron qui, bien qu’il semblait l’appr\u00e9cier et croire en elle lorsqu’elle ne croyait pas en elle-m\u00eame, la bridait parfois par la m\u00eame occasion dans ses envies de d\u00e9veloppement de carri\u00e8re. Deux fois s’est-elle vue refuser un changement de poste d’Universal \u00e0 la Sacem. C’est \u00e9videmment admirable si ces injonctions lui ont servi dans sa carri\u00e8re personnelle et professionnelle, mais faire de ce t\u00e9moignage personnel une g\u00e9n\u00e9ralit\u00e9 louable alors que cela dessert souvent plus que cela ne sert, laisse dans les esprits un sentiment partag\u00e9.<\/p>\n

Mais si jusque l\u00e0 l’audience se fait relativement silencieuse, le point culminant du d\u00e9saccord est atteint lors de la table ronde qui cl\u00f4t cette journ\u00e9e de Rencontres Culture & Egalit\u00e9s. Avec pour intitul\u00e9 “Transition \u00e9cologique dans la culture : un levier pour plus d\u2019\u00e9galit\u00e9s?”, l’audience attend de comprendre le lien qui est fait entre ces deux luttes. S’il est clair, notamment dans les mouvances \u00e9cof\u00e9ministes, que les luttes contre le d\u00e9r\u00e8glement climatique sont corr\u00e9l\u00e9es \u00e0 la lutte pour le maintien du vivant, et par extension \u00e0 la juste consid\u00e9ration de tous les \u00eatres vivants, humains ou non, une question soul\u00e8ve l’audience : la lutte pour l’environnement serait-elle un bon moyen de mettre des femmes \u00e0 des postes de responsabilit\u00e9, et ainsi leur donner pour projet les luttes \u00e9cologiques ?<\/p>\n

Une question, pos\u00e9e par le mod\u00e9rateur de cette conf\u00e9rence, \u00e0 laquelle r\u00e9pond Sylvia de La Baume, co-fondatrice du festival Amapola, en disant que les femmes portent d\u00e9j\u00e0 bien assez sur leurs \u00e9paules, sont d\u00e9j\u00e0 trop souvent rel\u00e9gu\u00e9es au r\u00f4le de p\u00e9dagogue, et que cr\u00e9er de nouveaux postes pour permettre aux femmes d’acc\u00e9der aux responsabilit\u00e9s qu’elles m\u00e9ritent ne fait que d\u00e9placer le probl\u00e8me. Comme le soulignait tr\u00e8s justement Emilie Delorme en introduction de sa carte blanche, “il faut prendre sa place l\u00e0 o\u00f9 l’on est jamais”, \u00e0 savoir l\u00e0 o\u00f9 les hommes sont le plus souvent, et o\u00f9 les femmes pourraient tout aussi admirablement r\u00e9ussir. L’audience applaudit alors la r\u00e9ponse de Sylvia de La Baume \u2013 des applaudissements r\u00e9jouissants qui ponctuent d’une note \u00e9clair\u00e9e, engag\u00e9e et positive une conf\u00e9rence en demi-teinte.<\/p>\n

Le changement se fera avec les femmes… mais pas sans les hommes**.<\/h2>\n

Si jusqu’ici on parlait des invit\u00e9-es qui ont form\u00e9 cette journ\u00e9e, on n’a jusqu’ici pas mentionn\u00e9 le fait que dans la salle, bien que nous n’ayons pas les chiffres pr\u00e9cis, force \u00e9tait de constater que la proportion d’hommes** dans l’audience \u00e9tait relativement faible. Or, comme l’a tr\u00e8s justement mentionn\u00e9 Emilie Delorme lors de son intervention : “si l’on fait toujours ce qu\u2019on a toujours fait, on aura toujours ce qu\u2019on a toujours eu”. Bien \u00e9videmment que tous les hommes (et les femmes) en place ne reproduisent pas les sch\u00e9mas sociaux induits par le patriarcat, mais trop peu d’entre eux se d\u00e9placent sur ce genre d’\u00e9v\u00e9nements, alors qu’ils sont les premiers \u00e0 pouvoir faire profond\u00e9ment changer les choses.<\/p>\n

Les femmes* font d’ores et d\u00e9j\u00e0 un travail remarquable, formel ou non, de sensibilisation, d’\u00e9ducation, de p\u00e9dagogie et d’information en parall\u00e8le des diverses luttes, politiques ou personnelles, qu’elles m\u00e8nent au quotidien. Les hommes**, \u00e0 l’inverse, s’avancent encore trop timidement sur le sujet, et notamment sur ces \u00e9v\u00e9nements or c’est avec eux que les femmes pourront r\u00e9ellement prendre la place qu’elles sont \u2013 et qu’elles ont, dans l’histoire, avant leur large effacement \u2013 naturellement cens\u00e9es prendre.<\/p>\n

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“Faites alliance avec les hommes qui n’en peuvent plus de cette image qu’on leur accole” \u2013 Coline Serreau lors de son introduction aux Rencontres Culture et Egalit\u00e9s de la Sacem<\/em><\/p>\n<\/blockquote>\n

Parmi les points qui ont \u00e9t\u00e9 \u00e9voqu\u00e9s lors de cette journ\u00e9e, on retient \u2013 comme Coline Serreau le soulignait dans sa conclusion sur les coups de 18 heures \u2013 que le langage joue un grand r\u00f4le dans notre perception du monde. Peut-\u00eatre que pour lutter contre le manque de repr\u00e9sentation, notamment \u00e0 la Sacem, de femmes autrices, compositrices et \u00e9ditrices, serait-il judicieux de renommer la Sacem “Soci\u00e9t\u00e9 des Auteurs, Autrices, Compositeurs, Compostrices, Editeurs et Editrices de la Musique”, et inclure sur les dossiers d’adh\u00e9sion les mentions au f\u00e9minin de ces m\u00e9tiers qu’exercent les membres de cette soci\u00e9t\u00e9 civile. En l’absence de role models identifi\u00e9es, permettons \u00e0 ces derni\u00e8res de s’inscrire \u00e0 la Sacem pour pleinement exercer leur m\u00e9tier et parfois leur vocation.<\/p>\n

On remercie la Sacem de prendre le temps d’\u00e9voquer avec autant d’ampleur des sujets difficiles et on ne peut plus d’actualit\u00e9 !<\/p>\n

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“Le langage forme nos pens\u00e9es, et nos pens\u00e9es forment notre conception du monde. […] Un langage masculin fera un monde masculin.” \u2013 No\u00e9mie De Lattre lors de son intervention aux Rencontres Culture & Egalit\u00e9s de la Sacem<\/em><\/p>\n<\/blockquote>\n


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*femme(s) : les Rencontres Culture et Egalit\u00e9s \u00e9taient centr\u00e9es sur la question de la place de la femme dans la soci\u00e9t\u00e9. Loin de nous l’envie d’effacer les minorit\u00e9s de genres ; la question n’a pas \u00e9t\u00e9 explicitement abord\u00e9e lors de cette journ\u00e9e, bien que ces deux luttes soient compl\u00e9mentaires et intrins\u00e8quement li\u00e9es \u00e0 la cause f\u00e9minine.<\/em><\/p>\n

**homme(s) : par hommes, on entend les hommes cisgenres, g\u00e9n\u00e9ralement blancs de notre soci\u00e9t\u00e9. Il est \u00e9vident que les hommes trans subissent autant si ce n’est plus de discriminations que les femmes*, et que les hommes issus de l’immigration doivent \u00e9galement d\u00e9ployer plus d’efforts que les autres hommes pour se faire une place dans la soci\u00e9t\u00e9.<\/em><\/p>\n


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Ces rencontres, qui avaient pour marraine Coline Serreau, figure embl\u00e9matique du cin\u00e9ma fran\u00e7ais, se sont d\u00e9roul\u00e9es le 29 septembre, et ont \u00e9voqu\u00e9…<\/p>\n","protected":false},"author":2,"featured_media":5323,"comment_status":"open","ping_status":"open","sticky":false,"template":"","format":"standard","meta":[],"categories":[75,3],"tags":[534],"yoast_head":"\nRencontres Culture & Egalit\u00e9s de la Sacem : notre reportage<\/title>\n<meta name=\"description\" content=\"Les Rencontres Culture & Egalit\u00e9s, qui avaient pour marraine Coline Serreau, figure embl\u00e9matique du cin\u00e9ma fran\u00e7ais, se sont d\u00e9roul\u00e9es...\" \/>\n<meta name=\"robots\" content=\"index, follow, max-snippet:-1, max-image-preview:large, max-video-preview:-1\" \/>\n<link rel=\"canonical\" href=\"https:\/\/www.haumeamagazine.com\/les-rencontres-culture-egalites-de-la-sacem-une-journee-aussi-remplie-despoir-de-que-codes-patriarcaux-ancres-dans-le-subconscient\/\" \/>\n<meta property=\"og:locale\" content=\"en_US\" \/>\n<meta property=\"og:type\" content=\"article\" \/>\n<meta property=\"og:title\" content=\"Rencontres Culture & Egalit\u00e9s de la Sacem : notre reportage\" \/>\n<meta property=\"og:description\" content=\"Les Rencontres Culture & Egalit\u00e9s, qui avaient pour marraine Coline Serreau, figure embl\u00e9matique du cin\u00e9ma fran\u00e7ais, se sont d\u00e9roul\u00e9es...\" \/>\n<meta property=\"og:url\" content=\"https:\/\/www.haumeamagazine.com\/les-rencontres-culture-egalites-de-la-sacem-une-journee-aussi-remplie-despoir-de-que-codes-patriarcaux-ancres-dans-le-subconscient\/\" \/>\n<meta property=\"og:site_name\" content=\"Haum\u00e9a Magazine\" \/>\n<meta property=\"article:published_time\" content=\"2023-10-06T08:00:03+00:00\" \/>\n<meta property=\"article:modified_time\" content=\"2023-10-05T17:04:43+00:00\" \/>\n<meta property=\"og:image\" content=\"https:\/\/www.haumeamagazine.com\/wp-content\/uploads\/2023\/10\/RencontresCultureEtEgalite\u0301sSacem.jpg\" \/>\n\t<meta property=\"og:image:width\" content=\"1100\" \/>\n\t<meta property=\"og:image:height\" content=\"600\" \/>\n<meta name=\"twitter:card\" content=\"summary_large_image\" \/>\n<script type=\"application\/ld+json\" class=\"yoast-schema-graph\">{\"@context\":\"https:\/\/schema.org\",\"@graph\":[{\"@type\":\"WebSite\",\"@id\":\"https:\/\/www.haumeamagazine.com\/#website\",\"url\":\"https:\/\/www.haumeamagazine.com\/\",\"name\":\"Haum\\u00e9a Magazine\",\"description\":\"haum\\u00e9a magazine : toute l'actualit\\u00e9 musicale ind\\u00e9pendante - 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