Superpoze est un artiste qui, au même titre que Rone, Chloé ou encore récemment Irène Drésel, a su se faire un nom dans les sphères des musiques électroniques et de la musique à l’image. S’il avait annoncé peu de temps après la sortie de l’excellent album « For We The Living » en 2017 mettre en parenthèse sa volonté de poursuivre sa carrière d’artiste solo, il s’est tourné vers d’autres activités artistiques : il a collaboré entre temps avec des artistes comme Lomepal – ses fans se rappellent encore sans doute de sa collaboration sur le morceau « Bécane » du rappeur – et composé plusieurs bandes originales de musique de film. Après un hiatus de 5 ans, il revient d’abord avec le single « Parabel », et aujourd’hui avec « Nova Cardinale », un album qui le place à la confluence des musiques orchestrales et de l’électronique contemplative. On analyse son nouvel opus et sa genèse ci-dessous !
L’histoire de la composition de « Nova Cardinale » n’est pas anodine ; Superpoze a traversé de nombreuses étapes avant de parvenir à se détacher d’une conviction qu’était alors la sienne : que la musique se devait d’être au service des mots, au service du texte. Réimaginer des oeuvres musicales sans paroles lui paraissait alors impensable… jusqu’à ce qu’il tombe, par hasard, un jour d’été 2020, sur un essai de Francis Wolff intitulé « Pourquoi la musique ? ». L’essayiste, qui découpait alors la musique en 10 catégories, plaçait dans cette dixième la musique instrumentale, qu’il qualifiait de « musique pure » – une analogie que l’on pourrait rapprocher des réflexions de Théophile Gautier, qui au XXe siècle définissait le courant du Parnasse et expliquait que l’art n’avait pour seul objectif que d’être beau, et d’être au service du beau. Cet essai a profondément marqué Superpoze, qui s’exprimait alors :
« Je me suis senti « animé » par cette lecture : la musique instrumentale pure, qui n’accompagne rien, qui est émancipée de toute fonction, qui n’est au service de rien d’autre que d’elle-même, est rare, précieuse et à ce titre, il faut en prendre soin. Quelques semaines plus tard, sur l’invitation de Stephan Eicher, je suis allé à Genève composer une pièce pour son ensemble d’instruments automates, à l’occasion d’un évènement qu’il programmait […] Cette pièce a posé les bases de mon album et est devenue le triptyque ‘Air’ – ‘Parabel’ – ‘A Ballet of Life and Death’ qui ouvre le disque. » – Superpoze à propos de « Nova Cardinale »
Animé par ces nouvelles réflexions, Superpoze s’attèle à l’achèvement de « Nova Cardinale », un album aux nuances multiples qui met en perspective instruments à cordes, instruments à vent et instruments électroniques ; la beauté de cet album réside même en dehors des oeuvres : chaque titre s’entremêle, sans pause aucune entre chacun d’entre eux, faisant des 12 oeuvres de « Nova Cardinale » une oeuvre intégrale, fluide, qui dépasse chacun des morceaux qui la compose.
Et les morceaux se répondent parfois : le thème de « Parabel » fait écho à celui de « Coda », la frénésie de « Air » se voit compensée par le calme du très justement nommé « Poème », et les envolées quasi épiques du morceau « Avril, mai » se lisent entre les lignes de celles de « Naïades » ; l’auditoire de Superpoze vogue au gré des envolées électroniques et des émotions intenses exprimées par les instruments orchestraux.
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Et s’il est tentant d’aller plus loin dans l’analyse – c’est après tout le propre d’une chronique musicale – peut être est-ce judicieux de laisser l’auditoire de Superpoze s’adonner à ce travail d’interprétation… si tant est que l’interprétation soit nécessaire – la « musique pure » se doit peut-être d’être simplement appréciée pour la beauté des émotions brutes qu’elle procure.
Les oeuvres de « Nova Cardinale » ont pour certaines été illustrées ; ce sont « Parabel », « Naïades » et « Geneva » qui ont pu être mis en images. On vous laisse donc avec le clip de « Parabel », un titre que l’on estime, selon notre humble avis, être l’une des pièces maîtresses de « Nova Cardinale ».
Et si vous souhaitiez vous (re)plonger dans le précédent album de Superpoze, le voici !
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