Encore inconnue il y a quelques années, la chanteuse et multi-instrumentiste australienne Chymes, dont la musique évolue entre un doux R&B et une alternative langoureuse, a été placée sur le devant de la scène à une vitesse fulgurante, et ce grâce à un simple tweet. Mais pas n’importe quel tweet : celui de Jongkook, un membre du groupe de K-pop aujourd’hui largement international et au fan club le plus mondialisé de tous, les BTS. Ainsi, son single « Dreaming » explose, dépassant le million, puis les deux millions, et enfin les trois millions de streams rien que sur Spotify. Si déjà lorsque ses premiers titres sortaient, ils faisaient sensation sur SoundCloud, depuis, chacun de ses singles fait du bruit et atteint largement les six chiffres en termes de streams et ce toutes plateformes confondues. Un événement considéré comme une prouesse pour bon nombre d’artistes indépendants.

Chymes est une douce personne à la voix angélique, une voix qui se pose sur des mélodies un temps aériennes et oniriques, un temps plus sombres et largement inspirées de Banks, la reine du R&B alternatif… en bref, une musique calme et reposante à laquelle un peu de piment vient être ajouté de temps à autre.

Signée sur le roster du label Nettwerk depuis seulement quelques semaines, elle est la preuve que la réussite peut venir du web, et viendra à terme du web pour le plus grand nombre. Chymes a accepté aujourd’hui de répondre à quelques questions, afin d’évoquer l’indépendance, l’évolution d’une direction musicale ainsi que la place des réseaux sociaux dans le développement d’un projet artistique. Un mini-guide pour ceux qui cherchent à se lancer demain !


Au commencement – son premier EP « Grow »

Comment t’es-tu mise au chant et à quel moment as-tu souhaité te lancer dans la musique ?

Je crois que j’ai commencé à chanter vers 13 ou 14 ans… Ma grande soeur apprenait à jouer de la guitare et à chanter et je voulais faire comme elle ! Elle m’a appris quelques accords à la guitare et j’ai continué à partir de là. Je pense que quand j’ai commencé à trouver mon propre rythme (qui ressemblait énormément à ce que pouvait faire Ed Sheeran sur Youtube), je me suis dit 😮 je veux faire ça pour toujours.

J’ai remarqué que tu ne composes pas seule, est-ce que tu peux nous en dire plus sur la personne avec qui tu travailles ?

Chymes est un projet que j’ai démarré avec mon meilleur ami Cameron, que j’ai rencontré grâce à des amis qu’on avait en commun dans un studio de chant dont je faisais partie. Il produisait déjà de la musique électronique par lui-même et je venais de commencer à écrire et composer. Lorsque nous avons commencé à collaborer, notre combinaison d’auteur-compositeur-interprète et de compositeur de musique électronique nous a semblé très spéciale, alors nous avons formé Chymes.

Chymes, avant que tu ne sois seule à le représenter, était un duo. Comment est-ce que cela s’est fait, de passer d’un duo à une « artiste solo » ? Etait-ce une décision consciente ?

Oui. Cameron a décidé lorsque tout est devenu beaucoup plus sérieux qu’il ne souhaitait pas vraiment être le « visage » de Chymes. Il est content de produire avec moi mais ne veut plus vraiment faire partie de l’image du projet, alors nous avons décidé que Chymes soit une « artiste féminine ».

Comment as-tu préparé la première sortie ? As-tu été conseillée par des proches ?

À l’époque, j’avais un mentor qui nous donnait des conseils et qui nous a dirigé vers un attaché de presse, notamment, mais qui ne nous manageait pas vraiment. Nous n’avions littéralement aucune idée de ce que nous faisions ou de ce qui se passait dans l’industrie. Nous avons juste trouvé une attachée de presse qui était vraiment passionnée par nous et elle nous a vraiment bien soutenus.

Et quel effet cela fait de recevoir des feedbacks, de manière générale ? En as-tu reçu de la part d’artistes ? d’auditeurs ? de labels ?

Nous avons été vraiment surpris par les 10 000 écoutes sur SoundCloud la première semaine, et peu de temps après, nous étions sur dans le Global 50 de Spotify… Je suppose que nous avions tapé dans le mille. Nous n’avons pas eu beaucoup de soutien de personne honnêtement. Je pense que beaucoup de gens ne comprenaient pas ou ne se sentaient pas concernés par la musique que nous faisions à l’époque, mais sur les sites de streaming, nous avons eu du succès (pour une première sortie, en indépendants).


La percée – de « Dreaming » à « Worship »

Comment as-tu composé Dreaming ?

Il était à peu près 18 heures quand nous jouions avec quelques accords, j’avais une vision très précise pour ce titre, donc j’agissais un peu comme un « producteur de l’ombre » (comme je dis haha) et je dirigeais la production. Je voulais qu’il soit beaucoup plus doux et plus amusant que nos autres chansons.

Est-ce que le tweet de Jungkook a changé ta façon de parler avec tes fans ?

Cela a définitivement changé ma façon de communiquer en ligne. Ça m’a soudain donné une crédibilité que je n’avais pas avant parce que personne n’écoutait vraiment ce qu’on faisait. « Dreaming » faisait un flop en fait, personne n’aimait ça, on n’avait pas obtenu de placements en playlists et les retours de la presse étaient toutes négatives, on enchaînait les « non ». Honnêtement, c’était tellement inattendu que quelqu’un d’aussi important que Jungkook des BTS apprécie notre chanson. J’ai eu beaucoup de chance d’avoir eu l’opportunité de faire écouter notre musique à une nouvelle audience et ils ont joué le jeu, ils ont réellement écouté notre titre.

Après Dreaming et plus particulièrement depuis GITY, la direction musicale que tu as prise semble être plus affirmée, plus sombre mais aussi plus énergique qu’auparavant. Est-ce que tu peux nous en dire plus sur le développement de ta musique et ta nouvelle direction artistique ?

Ça a vraiment changé. Je pense que depuis que Chymes est passé au stade « d’artiste féminine », j’ai eu l’occasion d’écrire vraiment comme je le souhaite ; mes textes sont beaucoup plus personnels, je ne raconte pas simplement une histoire. Pour moi, écrire des paroles est un vrai moyen de raconter une histoire de façon créative, sauf qu’à présent je peux communiquer des idées et des expériences beaucoup plus personnelles. J’aime lorsque ma voix se pose sur une production plus sombre aussi, j’aime cette juxtaposition parce que j’ai vraiment l’impression que ça traduit ma personnalité. Une épée à double tranchant.

On sent que tu puises vraiment dans ce que tu es au fond de toi sur tes derniers titres, que sont GITY, Bad et Worship. Comment est-ce que tu écris tes paroles ?

J’écris généralement en partant d’un concept ou d’une idée qui me concerne et que je développe ensuite. J’ai une chanson sur mon prochain EP qui est écrite du point de vue de quelqu’un qui contrôle quelqu’un d’autre, plutôt que d’écrire sur le fait que je suis contrôlé. J’ai pensé que c’était une bonne manière d’exprimer mon idée et ma frustration d’une nouvelle façon.

Petit changement de sujet, car je voudrais évoquer avec toi la présence d’un artiste sur les réseaux sociaux. Est-ce que ta présence sur ces derniers et surtout la manière dont tu interagis avec tes fans influencent ton processus de composition d’une manière ou d’une autre ?

Hmmm. Je sais qu’il est important d’être présent sur les réseaux et je fais de mon mieux pour montrer le plus de choses possibles à mes fans parce qu’ils le méritent. J’essaie vraiment de leur montrer autant d’amour que possible et j’espère que ça se voit. Cependant, ça m’affecte de nombreuses façons. Il existe une pression, surtout lorsque l’on doit être présent partout, et en plus de cela d’être intéressant parce que c’est ainsi que l’on soutient une carrière comme celle-ci, mais cela m’éloigne du fond – la musique. Parfois, je suis tellement pris par le stress induit par la production de contenu que je me rends compte que j’en oublie que le plus important, la musique. Il y a un équilibre à trouver et c’est ce que je cherche.

Et est-ce que tu estimes cela nécessaire pour un artiste, d’interagir avec son audience ?

Oui ! Je trouve ça triste que certains artistes n’interagissent pas avec leurs fans. Je ne pourrais rien faire sans eux et l’amour que je reçois d’eux est inespéré, je veux qu’ils sachent à quel point je les aime en retour et combien je leur suis reconnaissante. La pression que je subis pour répondre à tout le monde existe, et je sais très bien que je ne peux pas répondre à tout le monde. Une ou deux personnes se sont déjà fâchées contre moi parce que je ne leur ai jamais répondu. Je veux juste que mes interactions soient significatives et ne pas me contenter de répondre aux messages privés avec simplement des emojis, mais je ne peux pas toujours prendre le temps d’avoir de vraies conversations avec tout le monde. J’espère qu’ils pourront me pardonner pour ça.


La suite – Album, concerts et tournées.

Onirique, aérienne, emplie d’une envie de contempler ce qui nous entoure et de danser de temps en temps, voilà comment on pourrait qualifier ta musique… ce qui est selon moi la formule parfaite pour se produire en live. As-tu considéré te produire en Asie maintenant que tu es soutenue par le fan-club des BTS ?

Merci ! En fait, nous travaillons dur pour que nos chansons sonnent bien en live, ça n’est pas toujours le cas ! Mais oui, nous avons vraiment envisagé d’aller en Asie pour tourner. Nous avions prévu de le faire l’année dernière, mais les choses se sont mises en travers de notre chemin, et cette année le COVID a tout gâché hahaha. Je ne pense pas que toute l’armée BTS nous soutienne, mais nous avons grâce à cette mise en avant obtenu les fans les plus aimants et les plus solidaires. Dès que l’affaire COVID se calmera dans certains pays, nous prévoyons de donner des concerts à l’étranger.

Et est-ce que des producteurs t’ont déjà contactés pour des lives ?

Oui, en fait, nous avons eu quelques prises de contact cette année, mais notre live n’est pas encore prêt, donc nous sommes en train de le peaufiner pour pouvoir nous produire.

Qu’est-ce qui est à venir ? Êtes-vous en train de discuter avec le label de sorties de singles puis d’un album ? Ou est-ce que vous vous en tenez aux singles pour le moment ?

J’ai un EP qui sortira au début de l’année prochaine et j’ai deux autres singles à venir avant. Et je suis en train d’écrire le prochain EP en ce moment même, aussi. Ça n’en finit jamais ! Ce prochain EP est comme le premier pas vers ce nouveau Chymes, et je suis vraiment excitée à l’idée qu’il sorte, puis qu’on passe rapidement au chapitre suivant ! J’ai toujours une longueur d’avance… Je dois faire plus d’efforts pour profiter du moment présent haha. <3

Retrouvez Chymes sur toutes les plateformes de streaming, et retrouvez Worship sur nos playlists Spotify et SoundCloud.

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About the Author: Cloé Gruhier

Rédactrice web depuis plusieurs années, j'ai une passion prononcée pour les musiques électroniques et alternatives. Des envolées synthétiques de Max Cooper aux mélodies et textes introspectifs de Banks, mon radar détecte les nouveautés des scènes indépendantes françaises et internationales, et ce entre deux stratégies de communication pour des labels et artistes indépendants !

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