À la fois manageuse et coach artistique, Maryam est un véritable couteau suisse. À la tête d’Outsiders avec un artiste qui n’est autre que sebjin, Maryam cumule également une activité de management artistique qui l’a amenée au fil des ans à coordonner la carrière de 5 artistes de bords différents. Si aujourd’hui elle n’est plus responsable que de la carrière de sebjin, elle ne délaisse pas pour autant les artistes qui viennent spontanément vers elle : aujourd’hui coach artistique, elle aiguille et accompagne des artistes indépendants issus de sphères variées de l’industrie musicale dans le but de les rassurer, les aider et les soutenir dans leurs sorties de disques. Et comme elle a toujours plus d’un tour dans son sac, on a posé des questions à Maryam afin de mieux comprendre le parcours d’une indépendante dont la mission première est d’accompagner les artistes dont la carrière est sur le point de décoller.

Extrait site Maryam Outsiders

1. Hello Maryam ! Merci d’avoir accepté de répondre à mes questions aujourd’hui ! Pour commencer, est-ce que tu peux te présenter en quelques mots pour ceux qui ne te connaîtraient pas encore ?

Merci à toi pour cette invitation, toujours un immense plaisir de travailler avec toi ! Et oui bien sûr ! Je suis manager artistique depuis 4 ans, j’ai managé 5 compositeurs musicaux dont un collectif. Et aujourd’hui je manage exclusivement sebjin. En parallèle de ça, je me rends disponible pour les artistes musicaux indépendants en tout genre en leur proposant mes services de coaching, et ceci depuis un an.

2. Je voulais démarrer cette interview en parlant d’Outsiders, une entité qui a tant pris d’ampleur qu’elle est en quelque sorte devenue ta seconde identité ! Comment est-ce que le projet est né ?

Le projet est officiellement né en juin 2018. Mais c’est une idée que Seb (sebjin), mon associé et moi avions eue. À l’époque, on était très frustrés de voir que les événements Future Beats disparaissaient petit à petit, car selon l’industrie du spectacle, c’est un genre musical qui ne rapportait pas assez financièrement. Donc au lieu de se plaindre de ça, Seb et moi avions créés Outsiders pour faire des soirées Future Beats sur Paris. On a lancé l’organisation directement avec un événement, sans attendre de construire une communauté (ce qui est très audacieux haha). C’était une expérience stressante mais inoubliable. Et puis ensuite, on a décidé de défendre les artistes Future Beats, les mettre en lumière à travers nos réseaux sociaux, nos compilations, les releases de singles, nos lives Twitch, etc.

3. Et comment est-ce que le projet a évolué au fil des années ?

Le projet a évolué en une communauté, une grande famille d’artistes indépendants, majoritairement des compositeurs musicaux passionnés et qui ont besoin de se lier à d’autres personnes qui ont les mêmes ambitions et besoins qu’eux. C’est aussi toute la beauté d’Outsiders, c’est que peu importe à quel point ta musique est différente et étrange pour certains, tu seras toujours accueilli et on fera le maximum pour te mettre en avant.

4. Aujourd’hui vous organisez avec sebjin des beat battles ainsi que des sessions d’écoute sur Twitch en parallèle de vos sélections de la semaine : peut-on dire qu’Outsiders est devenu un collectif artistique avec le temps ?

Un collectif d’artistes non, mais plus une communauté comme je disais plus haut. On essaie de créer un maximum d’événements sur Twitch (étant donné qu’on vit à Montréal depuis deux ans), pour compenser le fait qu’on ne puisse pas faire des évents en présentiel. On veut challenger les artistes, mais aussi leur permettre de créer des liens forts entre eux et nous. Le but est qu’ils se sentent en confiance pour se surpasser et donner encore plus d’eux-mêmes. On veut vraiment que les artistes se sentent en sécurité avec Outsiders.

5. Et est-ce via Outsiders que tu as développé ton expérience et ta carrière de manager ?

Pas vraiment, non. J’ai commencé le management avant de lancer Outsiders et c’est plutôt le fait de m’être occupée d’artistes que je me suis dit que je pouvais peut-être m’occuper d’une communauté entière d’artistes. Mon expérience, je l’ai développé sur le tas en partant de zéro, en apprenant pas à pas avec mes erreurs. Les différents artistes que j’ai eus et au travers de stages, conférences et masterclass auxquelles j’ai assisté.

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6. J’évoquais le management brièvement sur la question précédente mais je voudrais rentrer dans le vif du sujet. Tu as managé plusieurs artistes au cours de ta carrière ; aujourd’hui tu manages sebjin, un artiste de musique électronique qui se fait un nom sur cette scène depuis plusieurs années maintenant. À quel moment de sa carrière es-tu intervenue ?

Oui, j’ai managé uniquement des compositeurs musicaux de musique électronique majoritairement. J’ai commencé avec GVLVXY, le collectif dans lequel sebjin fait partie. C’est un groupe de 7 artistes (danseurs, beatmakers, réalisateurs…), c’était une expérience intense de s’occuper de 7 garçons, surtout pour un début ! Mais je n’en garde que de très beaux souvenirs parce que ça m’a permis d’être là aujourd’hui et surtout parce qu’ils m’ont fait confiance et m’ont donné ma chance. Et en parallèle du groupe, je manageais la carrière solo de sebjin, donc en soi depuis 2017, mais officiellement depuis son deuxième EP eVi en 2018.

7. À quoi ressemblent tes journées en tant que manageuse ? De quoi est-ce que tu t’occupes dans la carrière de sebjin ?

Premièrement, j’ai beaucoup de chance parce que j’ai un artiste très indépendant, qui prend les devants et fais les choses de lui-même. Évidemment, il parle toujours avec moi de ses idées et de ce qu’il souhaite faire avant de commencer quoi que ce soit pour être sûr que c’est bon pour le projet sebjin, que c’est stratégique et que ça a de la plus-value.

Je m’occupe vraiment de tout le concernant, sauf de son identité visuelle parce qu’il est extrêmement doué pour ça et que je n’ai rien à lui apprendre, sauf de le guider pour ressortir le meilleur de ça.

Donc je suis en charge des contrats, de l’administratif, de lui trouver des opportunités. Je le conseille, guide, je le coache, je lui fais des rappels, je lui dis les choses qu’il doit faire avant telle date. Je l’accompagne aussi sur le plan mindset, donc vraiment sur tous les niveaux.

Là, actuellement, on travaille sur son EP qui sortira prochainement, et c’est un gros projet donc beaucoup de choses à mettre en place, à penser et à valider avec le label. On est très excités par cet EP d’ailleurs, parce que c’est vraiment un autre step !

8. Si tu devais donner un conseil à tout artiste souhaitant s’associer à un manager, que leur conseillerais-tu ?

Qu’il doit choisir un manager avant tout en fonction du feeling qu’il a avec cette personne, avant même ses compétences et son expérience. Un manager c’est un bras droit, un associé, donc il faut s’assurer d’avoir aveuglément confiance en lui et vice-versa. L’expérience s’acquiert facilement, la confiance non.

9. Et dirais-tu qu’il est essentiel pour un.e artiste d’avoir un.e manager.euse à ses côtés ?

Non, un manager n’est pas indispensable, un artiste peut très bien réussir et évoluer sans manager. En revanche, il est certain qu’avoir un manager est un bonus qui change la vie. Il permet de se concentrer sur toute la partie business pour que l’artiste se concentre essentiellement sur sa création. Il est aussi là pour vous booster et vous permettre d’avancer plus rapidement et plus intelligemment. Et comme on dit tout seul, on va plus vite, à deux, on va plus loin.

10. À présent, en parallèle de la gestion de carrière de sebjin, tu es coach artistique pour plusieurs artistes indépendants. C’est un métier méconnu et qui semble, de loin, s’apparenter au management. Quelles sont les principales différences entre ces deux métiers ?

La différence entre le métier de manager et celui de coach, c’est qu’avec la casquette de manager, je m’occupe de toute la carrière de mon artiste et je le suis tous les jours et ceci durant des années. Je le représente, mais je suis également son associé, son bras droit comme indiqué plus haut, donc on travaille ensemble pour faire évoluer son entreprise, sa carrière.

Le métier de coach, c’est du conseil et du suivi sur un certain nombre de sessions par mois, en fonction de la formule choisie. Si c’est pour travailler sur une thématique précise, ce sera sur un mois, et si c’est pour travailler sur tous les aspects de la carrière, c’est sur deux mois. Il n’y a pas d’engagement entre l’artiste et moi si ce n’est durant le temps défini par la formule. Je ne le représente pas et je ne fais pas le travail pour lui. Je le conseille, je l’accompagne, on cherche des solutions et stratégies ensemble, et c’est lui qui met les choses en place dans sa carrière et qui fait le travail nécessaire.

11. J’imagine également que tu coaches des artistes de tous bords musicaux : comment est-ce que tu sélectionnes avec qui tu travailles ?

Je travaille avec tous les artistes musicaux en tout genre en effet et c’est vraiment très enrichissant. Pour ce qui est de la sélection, je fais toujours un appel découverte pour que j’en sache plus sur l’artiste et qu’il en sache plus sur moi et ma manière de travailler. Je décide ensuite si l’artiste est prêt pour s’investir vraiment dans son travail, c’est-à-dire installer une nouvelle routine, être régulier et organisé. Je donne beaucoup de travail à faire à la maison et à mettre en place dans sa carrière et ceci dès la première session, et je suis plutôt ferme avec ça. Car si l’artiste ne fait pas le travail nécessaire, il n’aura malheureusement aucun résultat. Donc je veux être sûre de travailler avec des artistes qui sont prêts à mettre les choses en place et à sortir de leur zone de confort.

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12. Et quel est ton champ d’action ? Sur quel(s) aspect(s) interviens-tu dans la carrière de l’artiste ?

J’interviens sur tous les aspects dont l’artiste a besoin. Je mets à profit mon expérience de manager au service de l’artiste. Donc tout dépend de ses besoins et de ce dont il a besoin de développer et d’être accompagné. Ça peut être la préparation d’une sortie de projet, la gestion des réseaux sociaux, l’administratif, le juridique, le développement personnel, vraiment tout dépend de la raison pour laquelle l’artiste me sollicite.

13. Je sais aussi que tu as imaginé de nombreuses ressources pour les aider à se développer. D’où est venue cette envie ?

Oui, en effet, j’ai plusieurs ressources gratuites sur mon site qui sont téléchargeables. Il y a pour le moment une release check-list qui permet de ne rien oublier avant de sortir son projet, une liste de 20 idées de stories engageantes et une liste de 30 idées de Reels. 

Et le Kit Carrière qui est ma plus grosse ressource, payante pour le coup. Il permet de donner les outils nécessaires pour mettre en place une base solide afin de faire décoller sa carrière et générer des résultats sur du court et long terme. L’idée m’est venue quand j’ai compris que beaucoup d’artistes étaient très autonomes et ne voulaient pas forcément avoir quelqu’un quotidiennement pour les accompagner, ou qui n’avaient tout simplement pas le budget pour avoir accès à une formule de coaching.

14. Et ce « Kit Carrière », comment l’as-tu créé ?

Ce kit est un bundle qui comprend un calendrier de 6 mois de contenu pour instagram, un workbook pour mettre en place son branding, un guide pour trouver efficacement des médias et des playlists, et un template de communiqué de presse.

Je l’ai créé vraiment d’une traite. J’étais très inspirée ! Et ceci grâce au fait que j’ai pu étudier les besoins des artistes durant un an, c’est-à-dire depuis que j’ai lancé mes services de coaching. J’ai vraiment regroupé tout ce qu’on me demande régulièrement pour en faire un kit et le mettre à disposition des artistes. C’est un gros travail, on ne va pas se mentir. J’ai travaillé d’arrache-pied sans repos pendant un mois. Je ne voulais pas faire traîner ce projet sur 6 mois. Donc, certes, c’était intense, mais ce n’était que du bonheur. Et je le referai sans hésiter !

15. Enfin, dernière question : si tu avais un conseil à donner à un artiste qui ne sait pas par où commencer pour diffuser sa musique, qu’est-ce que tu lui dirais en premier ?

La première chose que je conseille toujours aux artistes qui veulent se lancer dans la musique, c’est de commencer par sortir leur tout premier single sur SoundCloud afin de profiter de cette plateforme de musique qui est également un réseau social, pour développer une communauté. Beaucoup d’artistes ont explosés grâce à SoundCloud. Le fait qu’ils aient pris le temps de créer une audience à travers cette plateforme leur ont permis d’avoir un impact par la suite sur les autres telles que Spotify, iTunes, etc. De plus, ça permet de s’initier tranquillement à cette industrie !


Maryam est à retrouver sur son site internet ainsi que sur Instagram !

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About the Author: Cloé Gruhier

Rédactrice web depuis plusieurs années, j'ai une passion prononcée pour les musiques électroniques et alternatives. Des envolées synthétiques de Max Cooper aux mélodies et textes introspectifs de Banks, mon radar détecte les nouveautés des scènes indépendantes françaises et internationales, et ce entre deux stratégies de communication pour des labels et artistes indépendants !

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