S’il y en a bien une qui a vécu une sacrée vie en seulement 24 ans, c’est elle. Lous and The Yakuza, de son vrai nom Marie-Pierra Kakoma, est en plus d’être le nouveau prodige du rap sensible, certainement aussi la personne la plus résiliente de sa génération, et de loin. Son premier album, « Gore », en raconte une partie entre les lignes, entre ode à la femme, à la quête de soi, à l’envie de dépasser ses limites mais aussi à l’acceptation de ses défauts et des défauts du monde. Un album plus que complet qui traduit toutes les facettes de la personne qu’est Lous, qui par ailleurs veut dire « Soul », à l’envers, en hommage à sa spiritualité. Retour sur un parcours et un album qui marqueront l’histoire du rap français, de la pop, de la musique tout court pour les années à venir.

Sa vie, on pourrait déjà en écrire un livre. Née d’un père congolais et d’une mère rwandaise, elle doit fuir très tôt son pays, seule, accompagnée de sa petite soeur, direction la Belgique. Si déjà cela n’était pas assez, ses parents la déshérite car elle souhaite poursuivre une carrière artistique. Bientôt, elle retrouve même quelques mois à la rue, sans domicile. Et pourtant, Lous ne lâche rien. Elle poursuit son rêve, sa vision, son ambition : faire de la musique son métier, et en vivre, coûte que coûte. Si elle officie en tant que mannequin en parallèle de sa jeune carrière, cela va sans dire, le défi est relevé : Lous est en haut de l’affiche partout dans le monde, même à Times Square.

Aujourd’hui, les plus grands se l’arrachent. Elle est conviée par Damso sur son dernier album et sur le titre « Coeur en miettes ». Elle invite Hamza en featuring sur son titre « Laisse-moi ». Elle performe sur la chaîne COLORS pour deux sessions qui lui permettent notamment de chanter son titre « Solo » a capella et avec brio… sans compter qu’elle produit son album avec El Guincho, producteur récompensé plusieurs fois pour sa collaboration avec Rosalia sur son album « El Mal Querer ». Lous et son aura sans pareille sont partout et c’est normal.

Dix titres exécutés avec brio qui exposent un vécu et une vision du monde.

Avant même sa sortie, son album faisait du bruit. Les cinq titres qui ont annoncé son album, « Dilemme », « Amigo », « Bon Acteur », « Tout est Gore » et « Solo », traduisent chacun un état d’esprit, une pensée, une façon d’interpréter le monde alentour. Par la suite, ce sont des titres comme « Dans la Hess » (en tête des charts depuis sa sortie sur les plateformes de streaming) ou encore « Quatre Heures du Matin » qui frappent et qui marquent.

« Bon Acteur » lui a valu également une performance live sur COLORS, performance qui culmine à l’heure où ces lignes sont écrites à un million et demi de vues. Un titre qui relate une expérience connue de tous, celle de la déception ressentie lorsqu’on se sent trahi par autrui, lorsque le vrai visage de la personne en face se dévoile. Un sentiment qu’elle exprime d’une manière aussi douce qu’incisive ; sa marque de fabrique, sa signature.

Cette signature, on la retrouve aussi sur le titre « Tout est Gore », un titre par ailleurs plébiscité par Madonna elle-même. Si pour bon nombre d’entre nous la phrase « tout est gore » reste énigmatique, pour Lous and the Yakuza, elle traduit une sorte de dépression et d’absurdité sociétale. « J’ai toujours été très résiliente, j’ai le souhait de guérir, pas d’être enfermée dans la dépression, même si ça peut être attirant. C’est ça le Gore, c’est la dépression de la société, ce qu’on essaie de dissimuler« , dit-elle pour Apple Music.

Et si elle est capable de mettre à l’écrit et en images les moments qu’elle a traversés, elle montre aussi sa capacité à se mettre à la place de l’autre dans « Quatre Heures du Matin », un titre qui dévoile avec effroi les sombres péripéties d’une femme se faisant agresser sexuellement par plusieurs hommes et en pleine rue.

« Quoi que l’on dise on restera solo, quoi que l’on fasse on restera solo »

La solitude, c’est son alter ego, son double. C’est un état d’esprit qu’elle a accepté, et qu’elle avoue nécessaire à son développement personnel. Si ce titre énonce clairement et explicitement que dans toute situation de la vie, peu importe qui nous entoure et combien de personnes nous entourent, on reste seul face à soi-même, il nous encourage également à accepter cet état. Après tout, la solitude n’est-elle pas nécessaire à tout un chacun, un jour ou l’autre ? Une pensée qui clôt l’album et qui nous encourage grandement à appuyer sur la touche play de nouveau.


L’album « Gore » de Lous and The Yakuza est à retrouver sur toutes les plateformes de streaming, et « Tout est Gore » est à retrouver dans notre playlist « Rap & Hip Hop Avant Garde » sur Spotify.

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About the Author: Cloé Gruhier

Rédactrice web depuis plusieurs années, j'ai une passion prononcée pour les musiques électroniques et alternatives. Des envolées synthétiques de Max Cooper aux mélodies et textes introspectifs de Banks, mon radar détecte les nouveautés des scènes indépendantes françaises et internationales, et ce entre deux stratégies de communication pour des labels et artistes indépendants !

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